Les communs, socle à venir du développement ?

Le bien commun, auquel le Prix Nobel d’économie Jean Tirole a consacré un ouvrage (L’économie du bien commun, Presses universitaires de France, Paris, 2016), devient incontournable face aux enjeux du dérèglement climatique. Cette notion se trouve aujourd’hui au cœur de la réflexion sur l’aide au développement, comme l’explique Gaël Giraud, économiste en chef de l’Agence française de développement (AFD), avant la conférence des 1er et 2 décembre organisée sur ce thème à Paris.

D’où vient le concept des communs ?

Du droit romain, qui évoque la res communis, la chose qui appartient à tout le monde, par opposition à la res nullius qui n’appartient à personne. Le concept de commun apparaît ainsi dans la définition de différents statuts de propriété pour désigner des lieux partagés au sein d’une communauté : un chemin, une place publique, une plage, une forêt, un pâturage, etc. Même si dans la pratique, les communs sont plus anciens que leur définition par le droit romain, le concept a surtout connu un énorme succès au Moyen-Age avec les « communaux » et la réécriture du droit romain par les théologiens européens postérieurs à la réforme grégorienne. Depuis que l’homme fait de l’agriculture, soit 13 000 ans environ, les communautés rurales gèrent certains lieux de manière collective, en fonction de règles qui permettent de les identifier comme des communs. Au fond, les communs sont probablement le rapport le plus ancestral à la propriété que connaisse l’humanité.

Comment définiriez-vous les communs aujourd’hui ?

Il s’agit d’une ressource naturelle ou culturelle que partage un groupe, avec des règles précises de distribution, de préservation et de promotion. (... Suite)