« Comprendre la contestation au Mali (et que faire de la sociologie des mouvements sociaux et des mobilisations en Afrique) » séminaire général du LAM le jeudi 7 mai 2015

Le prochain séminaire général de LAM (Les Afriques dans le monde) se tiendra le jeudi 7 mai 2015 de 14h30 à 16h30 à la Maison des Suds (Amphithéâtre)

Johanna Siméant, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, interviendra sur le thème « Comprendre la contestation au Mali (et que faire de la sociologie des mouvements sociaux et des mobilisations en Afrique) »

Comment saisir les formes de la protestation au Mali ? D’une part en ne s’arrêtant pas à ce qui fut longtemps l’image d’un pays à consensus. D’autre part en ne se faisant pas piéger par le lexique de la sociologie des mobilisations et sa quête de mouvements sociaux en bonne et due forme, en ne se faisant pas enfermer par le nominalisme qui aboutirait à considérer comme « mouvement social » ou « militant » qui se décrit comme tel. Enfin en tentant, au maximum, de mettre en rapport les formes du dissentiment et de la critique avec l’ordre politique et social dans lequel ils s’inscrivent.

Cette intervention, occasion de présenter les résultats de l’ouvrage Contester au Mali (Karthala, 2014), proposera tout d’abord de revenir sur un état des lieux de l’analyse de la sociologie des mobilisations en Afrique, pour en montrer certaines limites et points aveugles qui interdisent d’en faire la panacée face à des recours parfois relâchés au concept d’économie morale.

L’intervention tentera ensuite de montrer de quelle façon cette critique a pu nourrir le projet de saisir les formes de la mobilisation et de la protestation à Bamako entre 1992 et 2012, d’examiner un monde de contestation et de mobilisations qui passent par les marches mais aussi par l’émeute, et de les inscrire dans une histoire plus longue du recours à la rue. Mais comprendre les mobilisations, qui ne sont pas toutes protestataires, c’est aussi comprendre leurs possibilités matérielles et morales. Loin des naïvetés sur les vertus de la « société civile », loin aussi de la dénonciation tout aussi caricaturale de l’opportunisme de qui chercherait à faire carrière à l’international par les ONG, ce livre examine les rapports ambivalents à l’engagement, aux institutions maliennes et au nationalisme de celles et ceux qui peuplent le petit monde de la société civile malienne et de la sphère altermondialiste, et qui accueillirent avec bienveillance le putsch de 2012. Prendre au sérieux ces formes du dissentiment politique, ce qu’elles disent du rapport à un État malien en crise, permet assurément de comprendre comment ces discours, déjà là et disponibles, même s’ils étaient parfois portés par des intellectuels minoritaires, ont participé au processus très rapide de délégitimation du régime et du président ATT que les échecs face à la rébellion avaient déjà fortement affaibli, et ensuite au ralliement au capitaine Sanogo.

La séance sera discutée par Vincent Bonnecase, LAM/CNRS & Cindy Morillas, LAM

http://lam.sciencespobordeaux.fr/fr/evenement/seminaire-general-11

Entrée libre, participation obligatoire pour les masters PDAPS et MIDAF

(très conseillée pour les autres parcours CID, GRPS…)